D'eux

Pour le moment, je m'interroge souvent sur ma façon de voir, de vivre les autres.

Au boulot, avec les pensionnaires mais aussi avec les collègues, dans mon cercle familial, dans mon entourage amical mais aussi avec mon voisinage et, tout simplement, avec les gens, les inconnus, ceux que l'on croise au coin de notre rue, ceux qui partagent un trajet de bus chaque matin avec moi.

Avant, j'étais le genre de fille qui voyait le joli dans chaque personne. Même caché sous une tonne de pas beau. Je cherchais un peu et je percevais la petite lumière de chacun.

Avant, j'étais capable de pardonner aussi facilement que de manger un paquet de m&m's de 500gr en entier.

Avant, j'avais la faculté de me mettre à la place de l'autre. Vraiment.

Avant, l'injustice aurait pu me tuer de colère.

Avant, j'aimais mon prochain comme moi-même. Voir plus.

Avant, j'étais communiste.

Avant, j'étais bisounours grognon mais bisounours quand même.

Avant, je croyais en tout, en tous et des fois en rien.

Avant, j'étais optimiste.

Avant, j'étais sensible, tolérante, ouverte.

Avant, je pleurais tout le temps. De tristesse, de joie et surtout d'espoir.

Et aujourd'hui?

Aujourd'hui, je suis souvent usée et désappointée.

Aujourd'hui, je manque cruellement d'empathie.

Aujourd'hui, je n'ai plus le courage de chercher la lumière chez les autres.

Aujourd'hui, l'injustice pourrait toujours me tuer.

Aujourd'hui, j'ai la rancune tenace.

Pourquoi?

Est-ce moi qui ai si fort changé ou est-ce le monde et ceux qui le peuple qui ont si mal évolué?

Est-ce moi qui était aveuglée de bons sentiments et d'insouciance ou est-ce que ce monde a toujours été si égoïste, indifférent aux autres?

Aujourd'hui, je suis devenue cette petite personne centrée sur son petit monde.

Aujourd'hui, je suis un être empli d'aigreur, de rancoeur, de sentiments pas très jolis.

Aujourd'hui, le malheur des uns ne fait toujours pas mon bonheur mais ne m'enpêche pas de dormir.

Pourtant.

Pourtant, je pleure toujours devant les informations.

Pourtant, mon coeur se serre toujours devant une petite fille mal-aimée par sa maman.

Pourtant, j'ai toujours envie de serrer dans mes bras, ces jeunes réfugiés que je croise à l'école de ma fille. Juste envie de leur dire que tout va bien se passer.

Pourtant, je suis émue devant cette jeune fille dans le bus, qui chaque matin, nous laisse sa place à Mentosframboise et moi.

Pourtant, c'est toujours l'espoir qui me fait le plus pleurer.

Juste après les chansons de Céline Dion.

Tout n'est peut-être pas perdu, alors?